Le shadow banking, ou « Système bancaire parallèle », désigne l’ensemble des activités de financement non réalisées par les banques traditionnelles, mais par des institutions ou entités qui échappent en grande partie à la régulation bancaire classique. Ce terme ne renvoie pas à une activité illégale ou souterraine, mais à une intermédiation financière exercée en dehors du Système bancaire régulé, ce qui peut poser des risques de Stabilité Financière, en particulier en période de crise.
Le shadow banking regroupe des acteurs et des instruments qui assurent une fonction bancaire – comme collecter de l’épargne et octroyer du crédit – sans être soumis aux mêmes contraintes que les banques (ratios de fonds propres, règles prudentielles, supervision centralisée).
Cette sphère inclut par exemple :
L’ensemble forme un circuit de financement parallèle qui peut représenter une part très significative du système financier mondial.
Le shadow banking repose souvent sur des opérations hors-bilan, des montages complexes, et un usage intensif de la Titrisation et de l’effet de levier. Les entités de ce secteur :
Contrairement aux banques classiques, ces entités n’ont pas d’accès direct aux refinancements de la Banque Centrale et ne bénéficient pas de garanties de dépôts.
Malgré ses risques, le shadow banking présente plusieurs fonctions utiles à l’économie :
Il peut ainsi compléter le Système bancaire traditionnel, notamment lorsque celui-ci est contraint par des normes de capital plus strictes (Bâle III).
Les structures sont souvent complexes et peu transparentes, rendant difficile l’évaluation du risque réel.
En l’absence de régulation stricte, les comportements excessifs ou spéculatifs peuvent se multiplier sans contrôle.
Le recours massif à l’endettement peut amplifier les pertes en cas de retournement des marchés.
Même si non bancaires, ces entités sont souvent interconnectées avec les banques via des prêts, des garanties ou des détentions de titres.
Le shadow banking a tendance à amplifier les cycles économiques : euphorie en période d’expansion, panique en période de crise.
La crise des subprimes a mis en lumière les dangers du shadow banking. De nombreux véhicules de Titrisation (SPV, conduits, SIV) avaient accumulé des créances douteuses, notamment des MBS issus de crédits immobiliers à haut risque.
Leur effondrement a provoqué :
Cela a conduit les régulateurs à prendre conscience de l’importance du shadow banking dans la stabilité globale.
Depuis la crise, de nombreuses institutions internationales (FMI, G20, FSB, BCE…) appellent à une meilleure surveillance du Système bancaire parallèle. Parmi les mesures adoptées ou proposées :
L’Union européenne a également mis en place une réglementation spécifique pour les véhicules de Titrisation (STS) et les fonds d’investissement alternatifs (directive AIFM).
Le shadow banking représente une face invisible mais essentielle de la finance moderne. Il permet de fluidifier le financement de l’économie, mais son opacité et son absence de régulation stricte en font aussi un vecteur potentiel d’instabilité. L’enjeu des années à venir est de mieux intégrer ce secteur dans le cadre réglementaire, sans pour autant brider son rôle d’innovation financière et de diversification des sources de crédit.