Déficit public

Le déficit public désigne la situation dans laquelle l’ensemble des dépenses publiques d’un État ou d’un ensemble d’administrations publiques (administration centrale, collectivités territoriales, sécurité sociale) dépasse ses recettes sur une période donnée, généralement une année. Il traduit un déséquilibre budgétaire, nécessitant un recours au financement de la dette pour couvrir la différence. Le déficit public est un indicateur central de la santé des finances publiques et fait l’objet d’un suivi rigoureux, notamment dans le cadre des engagements européens.

1. Définition comptable du déficit public

En comptabilité nationale, le déficit public est mesuré selon les normes du SEC 2010 (Système européen de comptes). Il correspond au solde négatif du budget de l’ensemble des administrations publiques :

$\href{https://linknote.fr/HTML/dficit%20public.html}{\text{Déficit public}} = Recettes publiques - \href{https://linknote.fr/HTML/dpenses%20publiques.html}{\text{Dépenses publiques}} < 0$

Il s’exprime souvent en milliards d’euros ou en pourcentage du PIB, ce qui permet d’évaluer son poids relatif dans l’économie.

2. Typologies du déficit public

a) Déficit budgétaire

Solde négatif du budget de l’État (hors administrations locales et sociales).

b) Déficit primaire

Solde budgétaire hors charges d’intérêts de la dette :

$Déficit primaire = Recettes - (Dépenses - intérêts)$

Il permet d’évaluer la situation budgétaire « réelle » sans l’effet de l’endettement passé.

c) Déficit structurel

Part du déficit qui subsiste même lorsque l’économie est à son niveau potentiel. Il reflète les déséquilibres « profonds » indépendants de la conjoncture.

d) Déficit conjoncturel

Part du déficit liée au ralentissement de l’activité (moins de recettes fiscales, plus de dépenses sociales).

3. Causes du déficit public

Choc économique : baisse de l’activité entraîne une baisse des recettes fiscales et une hausse des dépenses sociales.
Politique budgétaire expansionniste : hausse des dépenses publiques (relance) sans augmentation équivalente des recettes.
Rigidité des dépenses : certaines dépenses sont incompressibles (retraites, santé, fonction publique).
Baisse des recettes : politique de baisse d’impôts sans compensation.
Crises exceptionnelles : pandémie, guerre, catastrophes naturelles.

4. Conséquences économiques

a) À court terme :

Peut soutenir la demande globale et relancer la croissance en période de crise.
Peut stabiliser les revenus et l’emploi via des transferts sociaux.

b) À long terme :

Augmentation de la dette publique, si les déficits se répètent.
Risque de perte de crédibilité budgétaire et de hausse des taux d’intérêt exigés par les marchés.
Moindre marge de manœuvre future pour faire face à de nouvelles crises.

5. Déficit public et Union européenne

Dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance, les pays de la zone euro doivent respecter deux critères de convergence :

Déficit public ≤ 3 % du PIB
Dette publique ≤ 60 % du PIB

Ces critères visent à garantir la soutenabilité budgétaire des États membres et la stabilité de l’euro. En cas de non-respect, un protocole de déficit excessif peut être déclenché (même si leur application a été suspendue pendant les périodes de crise).

6. Débat économique : faut-il s’inquiéter du déficit public ?

Positions critiques :

Risque d’effet boule de neige de la dette (si le taux d’intérêt est supérieur à la croissance).
Moins de crédibilité auprès des investisseurs.
Charge d’intérêts de la dette qui pèse sur les générations futures.

Positions favorables :

En période de sous-emploi, le déficit est nécessaire pour soutenir l’activité.
Si le multiplicateur budgétaire est fort, le déficit peut se rembourser « par la croissance ».
Si $r < g$ (taux d’intérêt inférieur à la croissance), la dette peut rester stable voire diminuer naturellement.

7. Exemples historiques

France : déficit public supérieur à 3 % du PIB depuis 2008, avec un pic à plus de 9 % en 2020 (crise Covid).
Allemagne : déficit limité grâce à une politique d’équilibre budgétaire (Schuldenbremse), mais suspendue en 2020.
Grèce : déficit excessif au début des années 2010 ayant entraîné une crise de la dette souveraine et des plans d’austérité.

Conclusion

Le déficit public est un indicateur clé de la politique budgétaire et de la trajectoire économique d’un pays. Il ne doit pas être jugé isolément, mais en fonction de son contexte, de sa nature (structurelle ou conjoncturelle) et de son impact sur la croissance et le bien-être collectif. Un déficit temporaire bien utilisé peut être un levier efficace de relance ; un déficit chronique mal maîtrisé peut devenir une menace pour la soutenabilité des finances publiques.