Agrégats monétaires

    1. Introduction

    Les agrégats monétaires sont des indicateurs utilisés pour mesurer la masse monétaire en circulation dans une économie. Parce que la monnaie existe sous différentes formes (billets, dépôts bancaires, placements liquides…), il est nécessaire de classer ces formes selon leur degré de liquidité, c’est-à-dire selon la rapidité avec laquelle elles peuvent être utilisées pour effectuer un paiement. Les agrégats permettent ainsi aux banques centrales et aux économistes de suivre, d’analyser et d’orienter l’évolution de la création monétaire et de son lien avec l’activité économique ou l’inflation.

    2. Objectifs des agrégats

    Les agrégats monétaires ne sont pas de simples statistiques : ce sont des outils de pilotage macroéconomique. Leur suivi permet :

    Ils sont publiés régulièrement par les banques centrales (comme la BCE ou la Fed) et sont analysés comme des signaux précurseurs des tendances macroéconomiques.

    3. Classification des agrégats

    Les agrégats sont organisés de manière hiérarchique, du plus liquide au moins liquide. Dans la zone euro, la Banque Centrale européenne a défini trois agrégats principaux :

    3.1 M1 : l’agrégat le plus liquide

    Contient :

    C’est la monnaie directement utilisable pour les achats. C’est aussi la composante la plus sensible à la conjoncture de court terme.

    3.2 M2 : M1 + épargne à court terme

    Inclut :

    Les avoirs de M2 sont mobilisables rapidement, mais ne sont pas directement utilisables pour les paiements. Cet agrégat reflète le comportement d’épargne des agents.

    3.3 M3 : M2 + instruments financiers liquides

    Ajoute à M2 :

    M3 est l’agrégat le plus large : il intègre l’ensemble des actifs monétaires ou quasi-monétaires qui peuvent être convertis rapidement en monnaie scripturale.

    4. Agrégats élargis ou alternatifs

    Certaines banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine, ont historiquement utilisé des agrégats supplémentaires :

    La pertinence de suivre un agrégat plutôt qu’un autre fait l’objet de débats selon les périodes économiques.

    5. Les agrégats et la politique monétaire

    Dans les années 1980-1990, les banques centrales ont tenté de cibler directement la croissance d’un agrégat (souvent M3) pour maîtriser l’inflation. Cette approche, inspirée du monétarisme, supposait une relation stable entre croissance monétaire et croissance des prix. Cependant, l’instabilité de la vitesse de circulation de la monnaie et l’évolution des comportements financiers ont conduit à abandonner ce ciblage strict.

    Aujourd’hui, les agrégats sont utilisés comme indicateurs complémentaires, mais la politique monétaire est principalement menée via les taux d’intérêt.

    6. Exemple : évolution de M3 dans la zone euro

    Depuis 2008, la croissance de M3 a fortement varié en réponse aux politiques d’assouplissement quantitatif (QE) et aux chocs économiques (crise de la dette, COVID-19). Une hausse rapide de M3 sans inflation durable a interrogé les économistes sur le lien entre agrégats et prix.

    7. Limites des agrégats

    Les agrégats doivent donc être interprétés avec prudence et en lien avec d’autres données économiques.

    8. Conclusion

    Les agrégats monétaires offrent une lecture structurée de la masse monétaire en circulation, selon sa liquidité et son usage. Indispensables à l’analyse de la situation financière d’un pays ou d’une zone monétaire, ils permettent d’évaluer la capacité des agents à consommer, épargner ou investir. Bien qu’ils aient perdu leur rôle de cible directe, ils restent un outil précieux pour comprendre la dynamique monétaire, les effets de la politique monétaire et les comportements des acteurs économiques.